C’est autour des années 1920, avec une génération de peintres que l’on considère aujourd’hui comme les précurseurs de la peinture algérienne contemporaine tels que ; Azouaou Mammeri, Mohammed Zmirli, et Mohamed Temmam que se dessine peu à peu l’introduction d’éléments de la modernité artistique tels que l’impressionnisme dans l’art algérien.
C’est en effet avec cette génération, qui couvre une période allant des années vingt aux années cinquante que la vision figurative et narrative considérées jusque-là comme étrangères à la sensibilité maghrébine est réellement remise en question, faisant ainsi naitre le véritable art moderne algérien.
Les années 1950 ont connu une génération de peintres très actifs, ayant pour certains, fait l’école des beaux arts d’Alger, d’Oran ou de Paris. Parmi eux, se distinguent principalement les noms suivants : Benanteur, Guermez, Mesli, Issiakhem, Khadda, Louaïl, chacun selon sa formation et sa sensibilité, propose une œuvre qui prédomine jusqu’à ce jour l’art algérien.
Parallèlement à ces réalisations « intellectualisées », nous retrouvons une tendance qui cultive la spontanéité du geste, « l’art naïf », qui est incarné dans l’œuvre de Baya. L’artiste s’affirme et occupe une place importante dans l’art algérien avec des œuvres d’une improbable féerie dans lesquelles elle joue avec les lignes épurées, les motifs et les couleurs vives comme le rose indien ou le bleu turquoise.
Inscrit dans le même courant, nous retrouvons l’artiste Hacène Benaboura qui peint avec des gestes spontanés, essentiellement des vues d’Alger.
Au lendemain de l’indépendance, à partir de 1963, de nombreuses expositions auxquelles les peintres algériens participent sont organisées à Alger et à Paris. Ils exposent aux côtés de grands peintres européens comme Louis Béniti, Maria Monton ou Marcel Bouqueton. C’est à cette époque que ces nombreux artistes participeront au développement de la peinture figurative.
Durant cette même décennie, de jeunes artistes vont revendiquer leur identité à travers l’esthétique de leur art. A la fin des années 1960, nait alors le groupe « Aouchem » (tatouage) qui rassemble une dizaine d’artistes, parmi eux, Rezki Zérati et Hamid Abdoun. Le groupe s’inspire des traditions classiques qui ont réussi à se maintenir dans l’art populaire : tissage de laine, poterie, décorations murales, travail du bois et du métal … ils ont également recours à la graphie de lettres et de signes, ils puisent aussi bien leur inspiration dans les motifs targuis des caractères sahariens que dans la culture andalouse.
Dès 1980, l’art algérien se transforme en un art d’essence universel et acquiert une indépendance de l’expression. Une nouvelle vague d’artistes défendant l’idée de la nécessité d’ouverture sur l’art universel apparait. De nombreux artistes laisseront dès lors libre cours à leur talent et iront comme Hioun l’a fait à la fin des années 1980, jusqu’à l’expérimentation de techniques telles que la gravure, la fresque ou la sculpture, privilégiant l’expérimentation esthétique personnelle.
Les années 1990 représentent une époque sombre pour l’Algérie qui doit faire face à un fanatisme meurtrier, durant cette période, l’art algérien connaitra un lourd silence. Le poète et romancier Tahar Djaout, symbole de la résistance intellectuelle à l’intégrisme ainsi que de nombreux artistes parmi eux : le poète Youcef Sebti ou le dramaturge Abdelkader Alloula sont assassinés. Les peintres se retrouvent alors sous la menace contraints de fuir le pays pour se réfugier en France. Mais ils continuent à opposer au cauchemar meurtrier du fanatisme le visage de l’Algérie créative en se tournant à nouveau vers la peinture figurative qui connait alors un succès et prend une place prépondérante sur la scène artistique internationale.